Aubry veut infléchir la politique économique du gouvernement

La maire de Lille sort bel et bien de sa réserve. Restée plutôt discrète depuis deux ans sur la politique menée par François Hollande, tout en montant au créneau lors du débat sur la réforme de la carte des régions, Martine Aubry a désormais l'intention de mettre son grain de sel dans les orientations économiques du pays.

«Sur la politique économique, je ferai des propositions dans les semaines qui viennent» a promis l'ancienne ministre du Travail ce dimanche au micro d'Europe 1, en direct de la braderie de Lille (Nord).

«Il y a des inflexions à faire dans la politique économique pour que la croissance revienne, réduire les déficits il faut le faire (…) sans casser la croissance», a-t-elle professé.

Aubry prône des «inflexions» de la politique économique

Si elle veut aider les entreprises «qui en ont besoin : les artisans, les commerçants, les PME, les entreprises qui sont soumises à la concurrence internationale sans casser la demande», à l'inverse, elle estime qu'«on n'a pas besoin d'aider les banques, par exemple, qui, elles, ne sont pas dans la concurrence internationale. On n'a pas besoin non plus d'aider les entreprises qui préfèrent verser l'argent que leur a donné l'Etat pour donner des dividendes plus importants (..) au lieu d'investir dans l'avenir, l'emploi et la formation.»

Et d'ajouter, pour ne pas rajouter aux divisions que traverse la majorité : «Ce qui m'intéresse c'est que nous réussissions, que le président réussisse et son gouvernement».

Valls lui répond depuis l'Italie

Depuis Bologne en Italie, Manuel Valls, qui participe à la «Festa de l'Unita», la fête du Parti démocratique (centre-gauche) de Matteo Renzi, le chef du gouvernement italien a répondu à la maire de Lille. Le gouvernement ne fait «pas de l'austérité» a-t-il répété. «Martine Aubry le sait, elle qui a bénéficié de policiers en plus à Lille, d'enseignants en plus à Lille, c'est de l'austérité ?».

«Je ne participerai pas au petit jeu des petites phrases et des divisions, elles sont mortifères», poursuit le chef du gouvernement estimant que l'on ne peut «pas interpeller le gouvernement en permanence quand on est responsable socialiste».

Quand Aubry fait entendre sa petite musique

Ce n'est pas la première fois que la maire de Lille interpelle le chef du gouvernement. Depuis la rentrée, l'ancienne patronne du PS n'hésite plus à donner de la voix. Elle a d'abord demandé à Manuel Valls, sur l'encadrement des loyers, l'autorisation de tester cette mesure dans sa ville, ce que le Premier ministre lui a accordé.

La semaine dernière, la maire de Lille s'est également illustrée avec une petite sortie médiatique. Interrogée par un journaliste sur le «discours amoureux» de Manuel Valls envers l'entreprise, Martine Aubry, comme en écho aux propos du Premier ministre, ovationné à l'Université d'été du Medef le 27 août, a répondu qu'elle aussi aimait l'entreprise, si elle «investit sur l'avenir». «Moi, j'aime l'entreprise, j'y ai travaillé, contrairement à d'autres. J'ai été numéro 2 de chez Péchiney, qui était un grand groupe», a-t-elle lancé.