Projet d’attentat de Medhi Nemmouche : Bernard Cazeneuve dément

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a démenti lundi les “fausses informations” du journal Libération faisant état d'un projet d'attentat de Medhi Nemmouche en France et appelé à la “responsabilité” dans un contexte de “forte” menace.

Le quotidien, qui a fait lundi sa “Une” sur “l'attentat auquel Paris a échappé”, a maintenu sa version des faits.

Selon Libération, Mehdi Nemmouche, Franco-Algérien accusé d'avoir tué quatre personnes au musée juif de Bruxelles en mai, avait l'intention de commettre “au moins un attentat en France”, notamment à Paris lors du défilé du 14 Juillet, une donnée qui aurait poussé les services de police à “redoubler de vigilance” avant cette date.

“Les informations du quotidien Libération, relayées par d'autres médias depuis hier soir et ce matin, sont, je le dis clairement, de fausses informations”, a déclaré Bernard Cazeneuve lors d'un point presse.

“Il est faux de soutenir que les forces de police auraient pris des mesures spécifiques pour parer une menace d'attentat signalé”, a-t-il ajouté, précisant que le quotidien n'avait pas pris contact avec son cabinet ou les services de son ministère avant publication de son article.

“Il ne faut pas se tromper, l'objectif des terroristes n'est pas seulement de massacrer, il est aussi de saper nos démocraties par la peur”, a conclu le ministre de l'Intérieur, qui a appelé à “faire preuve de responsabilité.”

Patricia Tourancheau, auteur de l'article incriminé, a dit s'ériger “en faux” contre les propos du ministre.

“Ce projet-là a été évoqué par Mehdi Nemouche (…) il s'en est vanté, je ne vois pas pourquoi on le cacherait”, a-t-elle dit sur BFM TV.

GEÔLIER EN SYRIE

Dans un premier temps, Libération avait assuré que cette information ressortait des procès-verbaux d'auditions des quatre journalistes français libérés en avril et dont Medhi Nemmouche aurait été le geôlier officieux en Syrie pour le compte de l'Etat islamique.

Mais après un démenti du parquet de Paris, le journal a indiqué qu'elle émanait d'un “débriefring” de l'un des ex-otages, effectué par un service de renseignement qui ne dépend pas du ministère de l'Intérieur mais de la Défense. Ce document n'aurait par ailleurs pas été transmis à la justice.

Dans un communiqué publié lundi soir, le ministère de la Défense a souligné “que les services de renseignement extérieurs français ne disposent pas d'informations relatives à la planification d'un attentat à Paris le 14 juillet dernier”.

Après avoir gardé le silence depuis fin avril, deux des quatre journalistes séquestrés en Syrie ont indiqué au cours du week-end avoir été surveillés par Medhi Nemmouche pour le compte de l'Etat islamique lors de leur détention.

Ils se sont décidés à parler après des révélations du Monde à ce sujet, avec réticence pour le journaliste d'Europe 1 Didier François, qui a estimé que la divulgation d'éléments précis de l'enquête pouvait mettre en danger d'autres otages.

Selon Libération, celui qui se faisait appeler “Abou Omar” se serait targué devant eux vouloir faire “cinq fois Merah au défilé du 14 juillet”. Mohamed Merah a tué sept personnes en mars 2012 à Toulouse et Montauban, dont trois enfants juifs.

Interrogé sur Europe 1 à ce sujet, Didier François, n'a voulu ni confirmer ni infirmer cette information.

Bernard Cazeneuve a souligné lundi que la menace terroriste était “forte” en France du fait de la présence de ressortissants européens et français dans les rangs des djihadistes.

Le départ de jeunes djihadistes français vers la Syrie représente la moitié des dossiers traités par les magistrats du pôle antiterroriste avec 942 cas recensés depuis deux ans, dont 329 font l'objet d'une enquête judiciaire.

À la mi-août, 350 Français combattaient en Syrie ou en Irak, selon le député socialiste Sébastien Pietrasanta, rapporteur d'un projet de loi contre le terrorisme qui sera débattu à partir du 15 septembre au Parlement. En six mois, le nombre de Français impliqués a selon lui augmenté de 50%.