Dans les écoles, collèges et lycées français, 12 296 400 élèves font leur retour en classe mardi 2 septembre. Première épreuve du feu pour la nouvelle ministre de l'éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, cette rentrée est marquée par deux sujets épineux : les rythmes scolaires et le programme de lutte contre les inégalités filles-garçons. Le premier dossier a coûté son poste à Vincent Peillon et le nom de la nouvelle ministre est déjà assimilé au second…
Première semaine de quatre jours et demi pour 5,7 millions d'écoliers
Sur les rythmes, des appels à la mobilisation, voire au boycottage de l'école, émanant de syndicats (non majoritaires), d'élus, de parents, circulent sur les réseaux sociaux sans qu'on puisse en mesurer l'ampleur. Les professeurs, eux, semblent sur la réserve. Du côté du SNUipp-FSU (majoritaire), on fait état de 74 % d'enseignants craignant que ce changement ait un impact négatif sur leur travail. Au SE-UNSA, on assure en revanche que « les collègues sont assez convaincus de l'intérêt de la réforme, en tout cas plus qu'il y a un an, et reconnaissent mieux avancer avec cinq matinées d'école plutôt que quatre ».
Face à ces signaux contradictoires, difficile d'imaginer que cette première semaine, qui va voir 5,7 millions d'écoliers goûter aux nouveaux rythmes, échappera aux critiques, voire aux couacs. En 2013 déjà, la communauté éducative s'était plainte d'ateliers annulés, de personnels absents, de locaux manquants… alors même que les 4 000 villes revenues à la semaine de quatre jours et demi étaient volontaires. En cette rentrée, qui voit 20 000 autres communes sauter le pas, beaucoup ont encore le sentiment d'appliquer la réforme à marche forcée.
La ministre dans le viseur de lobbys traditionalistes sur l'égalité
A cette contestation pourrait s'en ajouter une autre, si l'on en croit la virulence des réactions à la nomination de Mme Vallaud-Belkacem, perçue par certains comme l'« égérie » d'une prétendue « théorie du genre ». Avant même son arrivée dans les classes, le « plan d'action » pour l'égalité filles-garçons, annoncé le 30 juin, est déjà dans la ligne de mire des lobbys traditionalistes. La non-généralisation des « ABCD de l'égalité » n'a pas calmé la contestation. La Manif pour tous, notamment, a appelé à la mobilisation le 5 octobre.
Quant au mouvement de Farida Belghoul, à l'initiative de la Journée de retrait de l'école, il reste pour l'heure discret, même s'il aurait l'intention de briguer des voix lors des élections de parents d'élèves, en octobre, sous l'appellation de Fédération autonome de parents engagés et courageux.
Une marge de manœuvre réduite
D'ici là, la Rue de Grenelle devrait avoir levé le flou qui entoure son plan d'action. Pour tenter d'éviter la polémique, le gouvernement prévoit de mettre l'accent sur la formation des enseignants et la relation aux familles. Mais la « malette pédagogique » promise aux enseignants pour la rentrée garde encore ses secrets…
La marge de manœuvre est étroite. Face aux « tradis », les militants de l'égalité – associations féministes, de lutte contre l'homophobie, etc. – ne pardonneraient pas à la gauche de ne pas avancer. Déjà, leur désillusion s'était fait entendre après l'annonce de la non-généralisation des « ABCD de l'égalité », expérimentés le temps d'un semestre.
Si la nouvelle ministre arrive à sortir de l'identification à ce dossier, elle pourra alors ouvrir plus sereinement les multiples autres chantiers qui l'attendent.
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