Altice, le “petit géant” aux interminables tentacules, n’en finit pas d’étonner son monde. À travers sa filiale, Numéricable, le groupe d’opérateurs-câbleurs envisage le rachat de Bouygues Télécom. Le propos est à prendre avec beaucoup de sérieux, dès lors que c’est le directeur général d’Altice, himself, qui l’a tenu. Dexter Goei a profité de la Conférence Morgan Stanley, sur les télécoms, les médias et la technologie de Barcelone, pour l’annoncer. Reste à savoir si Bouygues se laissera séduire par cette opération de charme. En France, Altice a déjà rappelé de grandes enseignes du domaine, notamment SFR, Ma Châine Sport, Numéricable…
Altice, plus vorace que jamais…
Depuis sa création en 2001, Altice ne cesse de multiplier les acquisitions. En l’espace d’une décennie, le groupe a réussi à se positionner parmi les magnats des câblo-opérateurs. En 2013, Altice affichait un chiffre d’affaires consolidé de plus de 3 milliards d’euros. Pour la même année, sa valorisation en bourse se situait entre 5 et 6 milliards d’euros. Son entrée dans cet univers se fera le 31 janvier 2014, à la bourse d’Amsterdam. Altice ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Le 5 avril 2014, Vivendi cède SFR au groupe. Le montant de la transaction se chiffre à 13,5 milliards d’euros. On aurait pu penser que ce rachat calmerait l’appétit vorace d’Altice. Mais l’annonce de son directeur général laisse penser le contraire. Dexter Goei a déclaré son groupe ouvert à des discussions avec Bouygues. Il a, dans la foulée, ajouté qu’il attendait, incessamment, un appel de l’entreprise. Toutefois, la tâche ne sera pas facile pour le groupe de Patrick Drahi, son fondateur. Altice est, déjà, très endetté, et pourrait être amené à céder une partie des parts de Bouygues.
Quelles pourraient être les conséquences de ce rachat sur le marché ?
D’avis d’experts, la réalisation d’un d’une telle probabilité ne serait pas pour stabiliser le marché du mobile. Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, l’a explicitement énoncé en disant qu’un marché à 4 opérateurs n’était pas tenable. En effet, l’évolution de la téléphonie mobile montre une tendance à 3 acteurs, un peu partout en Europe. Or, avec ce rachat, la France demeurera dans un schéma avec 4 opérateurs. Ce qui ne favorise pas la consolidation du secteur, tant voulu par les acteurs et les pouvoirs publics. Les avantages du schéma à 3 opérateurs se situent à 3 niveaux : accroître les marges et investissements, booster la croissance. On se rappelle qu’avec le rachat de SFR par Numéricable, Bouygues s’était retrouvée dans une position inconfortable. Devant faire face à la concurrence rageuse de Free, le groupe a dû revoir à la baisse nombre de ses tarifs ; ce qui n’est pas pour accroître ses marges de bénéfices.
Comment se ferait cette acquisition de Bouygues par Numéricable, le cas échéant ?
Dexter Goei affirme que son groupe ne serait pas obligé de passer par une recapitalisation, pour opérer cette transaction. Il explique que c'est le niveau d’endettement d’Altice demeurera acceptable, malgré l’acquisition. Dans le cas où l’endettement serait jugé excessif, l’autorité de régulation pourrait toujours intervenir. Il faut dire qu’Altice s’est bien préparé, pour engager les pourparlers. Ce qui démontre, encore une fois, que le groupe a un gros appétit. Après Bouygues Telecom, il devrait s’intéresser au marché portugais. Altice y lorgne l’opérateur brésilien, Oi. Mais c’est sans compter la présence d’autres magnats, déjà à l’affût. Il s’agit, notamment, d’Apax Partners et de Bain Capital. Première conséquence de l’annonce d’Altice, la hausse de l’action Bouygues en bourse. À l’heure actuelle, rien n’est moins sûr, quant à la concrétisation des intentions d’Altice. Les jours prochains seront édifiants…
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