Un cessez-le-feu décidément bien fragile. Alors que des heurts ont secoué les environs de Marioupol samedi soir, le maire de cette ville de l'est de l'Ukraine a annoncé ce dimanche matin qu'une femme avait été tuée, le premier décès depuis l'entrée en vigueur de la trêve.
Premières victimes à Marioupol Une femme a été tuée par des tirs dans la nuit de samedi à dimanche à Marioupol, a annoncé dimanche la mairie de ce port stratégique du sud-est de l'Ukraine. La mairie a également indiqué que trois autres habitants de la ville ont été blessés.
Samedi soir, l'armée et les séparatistes pro-russes se sont affrontés tard à la limite de Marioupol. Tôt dimanche, la situation était«calme et sous contrôle» selon la mairie de Marioupol, mais les signes des combats de la nuit étaient bien visibles près du point de contrôle ukrainien, à la sortie est de Marioupol.
Un camion totalement détruit brûlait au bord de la route et plusieurs bâtiments à proximité étaient endommagés, les fenêtres soufflées. Dans une station-service à moitié détruite, un ballon de gaz continuait de brûler et risquait d'exploser, selon un habitant. La mairie de Marioupol a accusé les rebelles prorusses d'être à l'origine des tirs qui ont détruit la station service et visé le check-point est de la ville.
Le point de contrôle était toujours occupé par les forces ukrainiennes. Une vingtaine d'hommes étaient visibles, ainsi que trois chars. «Les tirs ont commencé vers 22h30», a expliqué Pacha, un combattant du bataillon de Vinitsa.
Tensions à Donetsk. Des tirs d'artillerie se sont produits dimanche près de l'aéroport de Donetsk, chef-lieu de la rébellion pro-russe dans l'est.
A un check-point près de l'aéroport, théâtre d'intenses combats ces derniers mois entre forces gouvernementales et séparatistes pro-russes, on pouvait entendre des bombardements mais il n'était pas possible d'établir leur origine.
Des crimes de guerre en Ukraine. Séparatistes pro-russes et milices ukrainiennes agissant au côté des forces gouvernementales se sont rendus coupables dans l'est de l'Ukraine de crimes de guerre, dont des enlèvements et actes de torture, dénonce Amnesty International, accusant une ingérence russe dans le conflit.
«Toutes les parties au conflit se sont montrées indifférentes à l'égard de la vie des civils et négligent de manière flagrante leurs obligations internationales», a dénoncé le secrétaire général de l'association Salil Shetty, dans un communiqué publié dimanche à Kiev.
Des chercheurs d'Amnesty ont recueilli des informations sur des enlèvements, des cas de torture et des homicides par des séparatistes. Amnesty a aussi reçu des informations «dignes de foi sur des enlèvements et des tabassages dont se seraient rendus coupables des bataillons de volontaires agissant aux côtés de l'armée» et sur des bombardements «aveugles» des forces gouvernementales.
Pour l'instant, Poutine et Porochenko joue l'apaisement. Malgré les combats à Marioupol,les deux présidents ont assuré samedi soir que «le régime de cessez-le-feu était globalement respecté». «Ils ont discuté de mesures à prendre pour que le cessez-le-feu ait un caractère durable», a indiqué la présidence ukrainienne.
Destiné à mettre fin à un conflit de près de cinq mois dans cette région ayant fait, selon l'ONU, 2.600 morts et provoqué le départ d'un demi-million de réfugiés et déplacés, ce cessez-le-feu a été accueilli avec scepticisme par les Occidentaux qui n'ont pas renoncé dans l'immédiat à de nouvelles sanctions contre la Russie accusée de porter atteinte à la «souveraineté de l'Ukraine».
Samedi matin, rebelles et forces gouvernementales se sont mutuellement accusés d'avoir violé le cessez-le-feu entré en vigueur vendredi à 15 heures, par des tirs sur leurs positions respectives dans et autour des fiefs rebelles de Donetsk et Lougansk.
Le protocole de cessez-le-feu dévoilé par l'OSCE
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a révélé ce dimanche les douze points du protocole de cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine signé vendredi à Minsk. Signé par l'OSCE, Kiev et des dirigeants séparatistes, l'accord prévoit notamment, sans apporter plus de précisions, la création d'un gouvernement autonome provisoire local dans les régions de Donetsk et Lougansk, à l'est de l'Ukraine, en vertu d'une loi sur un «statut spécial»».
Dans ces deux régions, des élections locales anticipées doivent également être organisées. Aucun calendrier n'a encore été établi.
Le point n°6 portant sur une loi d'amnistie ne brille pas non plus par sa clarté et manie l'euphémisme : «Une loi contre la poursuite et la traduction en justice de personnes impliquées dans certains événements dans la région de Donetsk et Lougansk» doit être adoptée.
Sur quels événements portent ce point ? Les dirigeants séparatistes sont-ils les seuls concernés ? Difficile pour le «groupe de contact» formé par des représentants de l'OSCE, de la Russie et de Kiev de veiller à la mise en application d'un accord aussi flou et ouvert à tant d'interprétations.
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